7 juin
Vivre sans contact, la théorie, les journaux, les études scientifiques, les mesures de distanciation physique, la règlementation pointue.


Avec toutes les questions qui viennent : combien de temps ?
Les regrets, les peurs.
Et les interrogations : risque de repli sur soi, d’isolement
La pratique.
Ne vous inquiétez pas, l’homme est social. Social avant tout.
Les rues bondées de Montpellier samedi 6 juin 2020.

Aucune distanciation physique, les gens tassés les uns sur les autres, les terrasses pleines, des gens qui se font la bise, qui rient, qui discutent, qui achètent, qui boivent des coups, qui mangent des glaces, qui jouent au basket dans les city, qui jouent aux boules, qui manifestent.
Un monde fou.
Il fait beau, il fait chaud, c’est presque l’été.
Les mêmes images à Odysséum, l’énorme Centre Commercial aux portes de la ville.

Des queues partout devant les magasins, probablement 1 heure d’attente pour entrer chez IKEA, les gens tassés les uns contre les autres.
Décalage total.
Un autre monde.

Oui, je m’en doute.
Il ne s’est rien passé.
Rien.
Tant mieux ?
Je ne sais pas.
C’est le moment de prendre le temps de répondre aux 6 items du Questionnaire de Bruno Latour :

Question n°1
Courir dans tous les sens, trajets nombreux en voiture, journées sans cesse interrompues par des courses, des rendez-vous.
Suspension des tâches administratives.
Suspension des voyages, des trajets en avion, de tous les flux de marchandise et d’humains
Question n°2
a) situations génératrices de stress, de perte de temps, de fractionnement des activités, de frustrations et de contrariétés
b) dégagement de temps pour des activités plus essentielles pour moi : passer du temps avec les enfants, avoir le temps pour les devoirs, avoir le temps de lire, d’écrire, de cuisiner, le temps de partager les repas, de se retrouver ensemble, de faire de longues promenades. Revenir à l’essentiel. Éliminer le superflu, les achats inutiles et impulsifs, privilégier les petits producteurs, mieux manger, se reposer, dormir plus et mieux, moins gaspiller, choisir ses achats.
Se dégager de toutes les tâches contraignantes, répétitives, chronophages
Retrouver le temps de se déplacer, arrêter de sauter d’une situation à l’autre, arrêter de croire que tout est facile et peu cher, retrouver le prix des choses et le choix de payer ce prix ou pas
Question n°3
Relocaliser les entreprises au plus près de ceux qui y travaillent
Recréer de la main d’œuvre dans l’agriculture, dans le social, l’aide aux personnes âgées et malades
Remettre l’humain au milieu de la chaine de production, au milieu de la société, bannir les surprofits
Question n°4
Avoir le temps de lire, écrire, avoir le temps de profiter de la journée et des activités qu’on y fait, avoir le temps de cuisiner, de discuter avec les enfants et mon épouse, profiter du temps qui passe plus lentement, profiter du calme dans les rues, rencontrer des gens qui se promènent au lieu de s’engloutir dans des embouteillages sans fin, faire du vélo et se déplacer à pied, avoir le temps de discuter avec les gens que je croise, voir le ciel sans trainée d’avion, se promener le soir sans le bruit des voitures et des camions
Question n°5
a) il me parait essentiel que l’on retrouve la sensation d’avoir le temps, de savourer ce temps, de le mettre à profit pour des discussions, des rencontres, des réflexions
Je ne peux pas vivre avec cette sensation que le temps nous file entre les doigts, et ce, dans des activités futiles, chronophages, inutilement coûteuses, polluantes, stressantes, voir le défilement des journées sans sens, sans but, sans réalisation de ce qui essentiel pour nos vies.
b) retrouver du sens, avoir le temps de penser à une autre organisation du temps, des journées, du monde, ne pas se noyer dans la suractivité dans laquelle on se perd et on se noie.
c) retrouver la saveur de la vie, des relations humaines, des rencontres, des échanges, d’apprendre, de découvrir, de transmettre, d’explorer, d’expérimenter, de se tromper, de chanter, de marcher dehors, de ne plus utiliser la voiture des journées entières
Question n°6
Donner la possibilité à chacun de trouver un moment pour se retrouver, réfléchir sur ses conditions de vie, ses attentes, ses désirs,
favoriser les lieux de rencontre et de partage, favoriser les discussions afin de mieux apprendre à se connaître, connaître les besoins et les envies de chacun, élargir son champ de pensées, s’enrichir des réflexions des autres
donner la possibilité à chacun de vivre par le fruit de son travail, que l’activité de chacun soit reconnue pour sa valeur et la manière de permettre à chacun de vivre
rendre impossible les surprofits aux dépens de l’activité réelle, redistribuer équitablement le fruit du travail de chacun, replacer l’humain au centre de la société, respectueux des autres et de son environnement, privilégier le bonheur d’être aux dépens de celui de faire ou de posséder.
Ma première décision : ne plus jamais remettre les pieds dans un centre commercial
Deux personnalités vues ce matin dans la presse pour finir, deux visons de l’avenir, deux routes.


Une fois n’est pas coutume, je choisis Martine Aubry !