Qu’est-ce que vous allez faire de votre dernière semaine de confinement ? – 3

5 mai, J-6

Qu’est-ce qu’on nous fait faire ?

Mon Dieu, quelle cacophonie.

Hier, un appel de la maîtresse de ma fille de CP qui m’explique les conditions de reprise des élèves de CP.

1/ seuls les CP reprennent le 12mai.

6 ou 7 élèves seront présents. Cette période sera un moment d’évaluation de la lecture et de l’écriture, du calcul. Et de détermination du travail à donner pour les autres jours.

Les CP auront classe mardi 12, jeudi 13 et vendredi 14.

Puis 1 seul jour dans la semaine à partie du 18 mai, répartition des autres niveaux oblige.

2/ les élèves ne pourront toucher à rien. Sauf leurs affaires personnelles. Les bureaux seront à 1 mètre de distance, ce qui suppose d’avoir sorti du mobilier des classes.

3/ apprentissage des gestes barrières, du lavage de main toutes les heures.

4/ ceux qui resteront entre midi et deux seront assis à leur bureau, sous la surveillance d’un ‘animateur’ !?! D’où il sort celui-là ?

5/ un fléchage au sol doit être installé pour définir le sens de circulation afin que les élèves des différentes classes ne se croisent pas.

6/ La cour est coupée en deux, récrés échelonnées.

Le but est de pouvoir remonter la chaine si un enfant est testé covid + et d’éviter d’avoir à fermer l’établissement.

7/ les enseignants auront probablement des visières, afin que les enfants voient leurs lèvres — difficile avec un masque.

Blanquer droit dans ses bottes, baguette à la main, distribue déjà bons et mauvais points.

Notre Premier Sinistre — dont le plan de déconfinement a été retoqué hier par les sénateurs 88 contres, 81 pours, 178 abstentions — vient de confirmer le couple Préfet-Maire pour mettre en œuvre ce merdier, tout en restant droit dans ses bottes sur la responsabilité pénale des élus. Pas question de l’atténuer en cas de problème de contagion.

Voilà : cher ami monsieur le maire, prends tes responsabilités et ferme là !

Ambiance.

Les villes s’organisent. Chacun à sa sauce. Paris n’ouvrira ses écoles que le 14 mai, afin de laisse un peu plus de temps aux équipes, Roubaix à une autre date, Lille n’ouvrira pas, Montpellier non plus.

OK.

Ça, c’est pour les maternelles-primaire.

Hier, mail de la principale du collège de mon fils de 13 ans – cinquième qui fait partie des classes qui ouvrent —, et de mon fils de 15 ans — troisièmes, qui n’ouvrent pas — pour avoir une idée des effectifs présents le 18 mai.

Est-ce que les 6è et 5è sont plus importants que les 4è et 3è ?

On va dire qu’ils sont probablement moins autonomes, et que c’est bien qu’ils retournent au collège.

Selon quelles modalités ? Elles restent à définir, mais dans un collège — certes de petite taille — de 400 élèves, ça promet un joli merdier d’organisation !

—               Pas question que je retourne au collège. C’est sur la base du volontariat, affirme mon fils de 13 ans hier soir au dîner.

—               Le volontariat des parents, fiston. Pas des élèves ! Tu saisis la nuance ?

—               J’irai pas.

—               Et bien, nous, les parents, nous décidons de te remettre au collège.

—               Mais pourquoi ?

—               Pour que tu retrouves un rythme de travail.

—               Mais je travaille avec Papa.

—               Oui, tout à fait, tu travailles. Mais avec une autonomie quasi nulle.

—               Moi, ça me va très bien.

—               Et bien moi, non. Je suis obligé de te lire tous les textes, tous les énoncés, toutes les consignes. À peine si ce n’est pas moi qui te tiens le stylo.

—               J’irai pas.

La tâche est vaste.

Mon fils de 13 ans seul à se lever le matin pour aller au collège, obligé de se coucher tôt alors que les deux autres font la bringue.

Ça va être coton.

—               Ce ne sera peut-être pas tous les jours, on tente timidement.

—               J’irai pas.

—               Tu vas revoir tes copains.

—               Ils n’y vont pas.

Ce matin, j’envoie un message à la maman de ses deux copains.

Elle a renvoyé le mail au collège en disant que ses fils iraient au collège.

Excellente nouvelle !

On marque un point.

Mais vous vous rendez compte de ce qu’on nous fait faire ?

Dans son discours au Sénat, notre Premier Sinistre demande à tous qu’à l’instar des soignants qui se sont donnés à fond — et on sait que le fond à des limites — nous demande donc à tous un peu de bonne volonté pour qu’on se sortent maintenant les doigts du cul, ça a assez duré cette connerie de chacun chez soi et personne qui ne branle rien, on qu’on se remette au boulot. Non mais, ces feignants, tu leur donnes la main, ils te prennent le bras.

D’après Le Monde de ce matin, on sent de la fébrilité dans les discours d’Edouard Philippe. Mais aussi une grande lassitude. Et une volonté de reconnaissance. Au Sénat, ça a dû être compliqué.

—               Mais merde, les potos, soyez un peu sympas ! Vous voyez pas dans quelle merde je suis ? Vous pouvez pas me filer un peu de soutien ? J’en ai vraiment besoin. C’est le moment de se serrer les coudes, non ?

—               Démerde-toi avec les ordres de ton chef. C’est pas notre problème.

Bon.

Le plan d’Edouard Philippe retoqué au Sénat, ça veut dire quoi ?

Qu’il doit revoir sa copie ?

Qu’il faut tout reconsidérer ?

Élaborer un autre plan ?

Changer la date de déconfinement ?

Et bien non. Ça ne veut rien dire du tout. Le vote du Sénat n’est que consultatif.

Consultatif ?

Mais alors ça rime à quoi toute cette agitation ? Cette fanfaronnade ? Cette comédie de démocratie ?

À rien.

Ça sert à rien.

N’oubliez pas de bien remplir votre déclaration d’impôt, on va avoir besoin de pognon, de beaucoup de pognon. De VOTRE pognon.

Allez, je vous la souhaite bien bonne.

C’est l’heure de me sortir les doigts du cul et de montrer ma bonne volonté et mon soutien à Edouard Philippe en allant réveiller ma progéniture et leur donner leur pain quotidien d’école à la maison !

Que va faire Taoki aujourd’hui ? Des sauts dans la neige, c’est la page du son « au ».

Et Hugues Capet ? Va-t-il parvenir à étendre son domaine royal ? Le suspense est insoutenable !

Et ce soir, dernier épisode de la Casa de Papel, le dénouement ! Nous avons réussi à ne pas enchainer hier soir, on est trop fort !

Matthieu Deshayes

Passionné de cinéma et de littérature, j'écris des histoires depuis toujours. Après 30 années de médecine, j'ai décidé de valoriser cette activité d'écriture et de la pousser plus loin en écrivant des scénarios et en réalisant des courts métrages. L'écriture est l'occasion de partager les thèmes et les idées qui comptent pour moi : la famille, les amis, les relations humaines, la nature et les thèmes qui les accompagnent : les relations parents/enfant, les relations frères/sœurs, les secrets de famille, les positionnements parfois douloureux, les choix impossibles, la défense de notre environnement. Le cinéma est la possibilité fantastique de traduire mes histoires en images, une aventure humaine exigeante et passionnante à travers le travail d'équipe, la rencontre de nombreux métiers différents et complémentaires tous unis dans le but de faire exister un film.

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