Ça vous inquiète, que vos maîtresses portent des masques ?

30 mai

Ça vous inquiète, que vos maîtresses elles portent des masques ?

Il est urgent de maîtriser nos peurs et d’aller de l’avant pour le bien des enfants.

Qu’est-ce que vous en pensez ?

« Comment ne pas être en désaccord avec la volonté exprimée à plusieurs reprises d’un risque zéro qui non seulement est un leurre, mais qui conduirait inexorablement à une société orwellienne où l’objectif de maîtrise se substituerait à celui d’équité et qui, pour contrôler une fraction de la société, serait liberticide pour le plus grand nombre »(1)

 Ce midi, un petit copain de ma fille de CP déjeune à la maison. Il habite le village d’à côté.

—           Tu as repris l’école ? je lui demande.

—           Oui, le lundi et le jeudi, me répond-il.

—           Vous êtes combien dans ta classe ?

—           Six.

—           Et vous travaillez ou vous jouez ?

—           On travaille !

—           Tu es content d’y aller ?

—           Oui, comme ça je peux voir mes deux meilleurs copains.

—           Moi, mes copines, elles ne sont pas à l’école, dit ma fille de CP. Du coup, je n’ai pas trop envie d’y aller.

—           Et est-ce que ta cour de récréation est coupée en deux ? je demande au copain de ma fille.

—           Non, on a toute la cour pour nous.

—           Vous n’êtes pas séparés ?

—           Non, il faut juste qu’on reste loin les uns des autres et qu’on ne se touche pas.  Mais c’est difficile.

—           Dans mon école, la cour est coupée en deux, explique ma fille. Et dès qu’une classe rentre, on peut sortir.

—           Vous ne vous croisez jamais, alors ?

—           Non.

—           Et tu vois tes copines des autres classes ?

—           Oui, on joue à 1, 2, 3, soleil ensemble.

—           Comment vous faites ?

—           On joue des deux côtés de la cour en même temps, explique ma fille.

—           Génial ! Et est-ce que vous vous lavez les mains ?

—           Ah oui, en rentrant à l’école, avant la récréation, après la récréation, avant de partir à midi, en revenant à 2 heures, avant la récréation, après la récréation et avant de partir.

Ma fille ajoute :

—           Même si on est retard le matin, on se lave les mains.

—           Ça fait 8 fois en tout.

—           Au moins, vous avez les mains propres !

—           On chante des chansons en se lavant les mains, dit ma fille.

—           Tu nous en chantes une ? je lui propose.

—           Ah non, pas devant mon copain, dit-elle toute gênée.

Je me marre.

—           Et vos maîtresses, elles portent des masques ?

—           Oui, répond le copain de ma fille.

—           Un masque ou une visière, dit ma fille. Ça dépend si elle veut qu’on voie sa bouche. Moi, je préfère quand elle a la visière.

—           J’ai entendu à la radio que les maîtres et maîtresses étaient inquiets de faire peur aux enfants avec leurs masques. Ça vous fait peur, vous, les masques ?

—           Pas du tout, répondent-ils en cœur.

—           Pourquoi ils sont inquiets ? demande le copain de ma fille.

—           Je ne sais pas trop.

Ça n’a pas l’air du tout de les stresser.

Ils sont contents d’aller à l’école.

Je préfère pas trop leur demander s’ils ont peur d’attraper le covid, ou s’ils se sentent en danger.

En tout cas, j’imaginais que les effectifs allaient s’accroitre à l’école en même temps que le déconfinement s’élargissait, les parents voyant bien qu’il n’y avait aucun risque, que le virus circule faiblement, que le nombre de cas n’augmente pas, que les enfants sont à très faible risque, qu’il faut bien reprendre une vie normale, et que socialement, les études et articles s’accumulent pour dire que 6 mois sans école est assez catastrophique pour les enfants.

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https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/05/23/cinq-a-six-mois-sans-ecole-c-est-une-catastrophe-annoncee_6040505_3224.html?fbclid=IwAR3B3bostmwgDJzds5z2obdA5cU6A7rK00eG5FgJR3W9cIWMJmUNfOr6pFM

Il est urgent de maîtriser nos peurs et d’aller de l’avant pour le bien des enfants :

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  • (1) Le Syndrome de l’imposteur, parcours d’une interne en psychiatrie, Claire Le Men, La découverte
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Matthieu Deshayes

Passionné de cinéma et de littérature, j'écris des histoires depuis toujours. Après 30 années de médecine, j'ai décidé de valoriser cette activité d'écriture et de la pousser plus loin en écrivant des scénarios et en réalisant des courts métrages. L'écriture est l'occasion de partager les thèmes et les idées qui comptent pour moi : la famille, les amis, les relations humaines, la nature et les thèmes qui les accompagnent : les relations parents/enfant, les relations frères/sœurs, les secrets de famille, les positionnements parfois douloureux, les choix impossibles, la défense de notre environnement. Le cinéma est la possibilité fantastique de traduire mes histoires en images, une aventure humaine exigeante et passionnante à travers le travail d'équipe, la rencontre de nombreux métiers différents et complémentaires tous unis dans le but de faire exister un film.

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