Conoravirus

17 avril

J-24 avant le 11 mai – il n’y a que les crédules qui se fient aux infos officielles

Et moi, je m’accroche au programme officiel des CP.

Comme une tique à la peau de mon chien, comme une sangsue au sang d’un malade, comme les ministres de la Santé sur le dos de l’hôpital.

(d’ailleurs, pour les plus curieux d’entre vous et tous ceux attachés à l’hôpital public comme pierre angulaire de notre système de santé depuis 1945, venez vous rendre compte de la lente et constante chronologie des actes politiques dont le but est précisément le laminage de toutes les solidarités publiques — j’en ai honte ! — dans un article de 2015 :

http://www.inprecor.fr/article-Les-contre-r%C3%A9formes-%C3%A0-l%E2%80%99h%C3%B4pital-et-leurs-cons%C3%A9quences?id=1840                     )

Fidèle au poste, patiente, un peu récalcitrante tout de même, mais courageuse, ma fille de CP s’installe retrouve François et le français Lumni France 4.

Je me dis que c’est important.

Hier, François nous parle de la lettre ‘h’ qui ne se prononce pas.

Moi, je pense aussitôt  h, comme la Hache.

La hache de guerre.

Est-ce que François va déterrer la hache de guerre ?

Va-t-on assister en direct à une diatribe guerrière qui revendiquerait pendant l’école à la maison ce qui bourdonne sur les réseaux sociaux, ce que j’entends sur toutes les bouches des enseignants depuis l’intervention divine ?

Non.

François choisit Hérisson, Hippopotame, Hamac.

Le calme, la nature, la sieste au soleil.

François est un sage.

François est un pacifique.

François n’entretient pas la polémique.

Il ne dit pas s’il sera encore là le 11 mai au matin.

Ni s’il a des enfants.

On ne saura pas s’il va les remettre à l’école.

François garde son sourire charmant et enchaîne les syllabes à lire, un texte où Hugues et Henri jettent leurs habits et font un sacré tohu-bohu même si Sophie (piège ! dans Sophie, la lettre ‘h’ fait ‘ph’, sacré François !) est ébahie.

Puis la dictée « Henri a un hamac près de la haie » Bravo, c’est parfait !

Et Agnès ?

Quel est son avis ?

—               Ah non, pas les maths ! Tu m’avais dit qu’on faisait juste le français !

—               Allez, un peu de calcul !

—               Non. Pas question.

—               Plus tard ?

—               Pas de maths.

OK.

Ma fille sait ce qu’elle veut. Ou plutôt ce qu’elle ne veut pas.

Ça me rappelle mon fils.

Celui de 13 ans.

Les deux derniers, les pires.

Des fois, je m’interroge sur nos intentions procréatives… Parce que figurez-vous qu’on a choisi librement d’avoir quatre enfants, on les a voulus !

Quelle serait notre vie si nous nous étions arrêtés aux deux enfants règlementaires ?

Je me la coulerais douce devant la télé toute la journée…

Oui, mais je n’aurais rien à vous raconter.

Je ne serais pas en train de perdre au Mille Bornes en attendant France 4.

Je n’aurais pas connu Christine, Laure, François et Agnès.

J’en n’aurais rien à battre que les enfants reprennent ou pas l’école le 11 mai.

Je ne subirais pas les séances d’hypnose collective de l’homme figé en costume bleu, étrangement bronzé pour un confiné, qui me fixe dans les yeux derrière son drapeau tricolore et les dorures de son bureau élyséen.

D’ailleurs, quelques commentaires, là-dessus.

—               Macron, il doit être riche, me dit ma fille de CP, comme ça, au détour d’une conversation.

—               Oui, sûrement, il vient de la banque Lazard.

—               C’est qui Lazard ?

—               Laisse tomber.

—               Tu sais comment je l’ai vu qu’il était riche ?

—               Dis-moi.

—               Quand il parle à la télé, on voit de l’or sur les murs derrière lui.

C’est ça. Elle a remarqué tout de suite.

C’est parce qu’elle est plongée en plein dans les ‘Cités d’Or’, vous vous rappelez, Tao, Esteban et Zia ?

Et je e demande, le Palais de l’Élysée, est-ce qu’il est soumis au même acharnement de démantèlement que l’hôpital ?

Donc, on ne saura rien sur Agnès.

Tant pis.

En revanche, on se marre bien à table quand mon fils de 13 ans donne des cours de dicton à sa sœur de CP :

—               Vas-y, dis « coronavirus ».

—               Conoravirus.

—               Co-ro-na-virus.

—               Conoravirus.

—               Co-RO-na-virus.

—               Conoravirus.

—               Elle est teubée, ma parole ? CO RO NA VIRUS.

—               Coronavirus.

—               Ah ben quand même !

Ils sont marrants avec leurs expressions d’enfants.

Après avoir passé l’éponge sur la table, elle va ‘chiffoner’.

Et quand elle a mal à la cheville, elle demande une ‘bretelle’

Et ce matin, ‘il pleut des cornes’

Tiens, d’ailleurs, j’entends du bruit là-haut.

Des petits pas.

Ça va être l’heure du Mille Bornes !

—               Coucou !

Ma fille me rejoint sur le canapé du salon.

—               Tu me donnes ton téléphone ?

Je rêve, à peine levée, elle veut déjà sa dose d’imbécilité.

—               Non, pas question, va lire un peu.

—               Je veux ton téléphone.

—               Va jouer aux Playmobil.

—               Je veux ton téléphone.

—               Non.

Et comme le ton monte, qui vient se mêler de tout ça ?

Le chien.

Il vient nous lécher.

Pour nous rappeler qu’il n’aime pas qu’on se dispute. Que ça ne vaut pas le coup de commencer la journée comme ça.

Allez le chien, merci !

Bonne journée à toutes et à tous !

« En voiture Simone,

c’est toi qui conduit,

c’est moi qui klaxonne! » dit ma fille soudain.

Ça me fait marrer.

—               Tu sors ça d’où ?

—               D’une vidéo youtube.

Ça me fait moins marrer.

Matthieu Deshayes

Passionné de cinéma et de littérature, j'écris des histoires depuis toujours. Après 30 années de médecine, j'ai décidé de valoriser cette activité d'écriture et de la pousser plus loin en écrivant des scénarios et en réalisant des courts métrages. L'écriture est l'occasion de partager les thèmes et les idées qui comptent pour moi : la famille, les amis, les relations humaines, la nature et les thèmes qui les accompagnent : les relations parents/enfant, les relations frères/sœurs, les secrets de famille, les positionnements parfois douloureux, les choix impossibles, la défense de notre environnement. Le cinéma est la possibilité fantastique de traduire mes histoires en images, une aventure humaine exigeante et passionnante à travers le travail d'équipe, la rencontre de nombreux métiers différents et complémentaires tous unis dans le but de faire exister un film.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.