J’ai dû me tromper d’un mois

22 mai.
Aujourd’hui, une chose est certaine.
On se sera désinfecté les mains. Et pas qu’une fois.

Chez la psychologue pour ma fille de CP. La psychologue porte une visière.
Au magasin bio. Tout le monde est masqué.
Chez le véto pour échanger un paquet de croquette. Tout le monde est masqué. On attend dehors, devabt la porte d’entrée verrouillée. Il faut empêcher les gens de rentrer!

Un second magasin bio pour trouver un répulsif bio contre les moustiques, là, je ne comprends pas mais il nous fait laver les mains derrière l’étale de fromages !?! Personne n’est masqué.

Une fois à Bricomarché. Plus ou moins masqué.
Rien au supermarché, c’est surprenant, c’est l’endroit où il y a le plus de monde et pourtant aucune mesure de protection n’est prise. Presque personne n’est masqué et on ne se désinfecte pas les mains alors que s’il y a un endroit qui concentre le maximum de population, c’est bien au supermarché.
Encore une fois chez le véto pour un abcès à la patte de notre chien. Le véto porte une visière. Et il travaille sans gants.
Pour info, il me confirme que les labos d’analyse vétérinaires étaient bien sur les rangs pour réaliser des tests covid et que les autorités — contrairement à ce que j’ai pu lire — ne les ont pas écartés. Ils étaient prêts. Mais ils n’ont pas eu besoin d’eux.

En revanche, les autorités ont réquisitionné le materiel d’anesthésie – respirateur et enrichisseur d’oxygène – et leurs stocks de propofan – le blanc dans le jargon, un produit anesthésique blanc comme du lait qui vous endort en deuspi — et de midalozam, un tranquillisant.

Mes mains sont stérilisées. Totalement vierges de toute trace de vie.
Plus rien.


Chez la psychologue, ma fille de CP a pu parler de ses angoisses. Angoisses de séparation avec moi principalement, de sa peur d’avoir la gastro. Elle est inquiète que je meurre alors qu’on se promène quelque part et qu’elle reste seule.

On a convenu trois choses qui me paraissent intéressantes :

La première est de bien expliquer ce qui va se passer et comment, en présence de ma fille de CP — à la personne à qui on la confie pour aller l’emmener à l’école ou la ramener à la maison. A quelle heure, quand, comment.

C’est vrai qu’on le fait peut-être trop rapidement, considérant que tout va bien, que tout est acquis.

La seconde est que chacun raconte une grande peur qu’il a eu quand il était petit, afin que ma fille comprenne que c’est normal d’avoir peur et qu’elle puisse assimiler que chacun peut dépasser ses peurs et que même il en rigole maintenant.

La peur de ma fille de CP, c’est la fois où ses frères ont oublié de venir la chercher à la sortie de l’école, notamment le soir de sa rentrée en CP. Revenir dessus et réaliser que tout s’est bien fini, que personne ne l’a abandonnée. Qu’une solution a été trouvée.

Elle s’est également perdue dans le supermarché une fois. Mais là aussi, un coup de haut parleur « la petite … attent son papa et sa maman à l’accueil » a suffit à résoudre la situation.
— Moi, c’était la peur du terrorisme, nous rappelle mon fils de 15 ans.
Une peur terrible. A tel point qu’on était obligé d’éteindre la radio à chaque flash info.
La troisième chose, les relations tendues entre mon fils de 13 ans et ma fille de CP. Provocations des deux côtés, jalousies, tensions. Sur fond de qui est le chouchou des parents, qui est toujours la protégée et qui est toujours le mauvais fils… Je n’arrive pas a mettre au même niveau un enfant de 13 ans et un enfant de 7 ans. Je me trompe certainement, je m’exprime mal, je prends partie et ça tourne toujours contre lui. Il est persuadé que je ne l’aime pas, pire, que je le déteste.
Bien sur que non je ne te déteste pas. Je réagis au quart de tour à la moindre de tes contestations… certe, j’y travaille, sans réel succès je te l’accorde…
Conseil de la psychologue, que chacun se rappelle qui il était et comment il se sentait à 7 ans. Pour ressentir la différence qui existe entre les deux âges. Qu’à 13 ans, on est tellement plus autonome, plus mature, plus capable d’un certain recul et de ne pas tout prendre au premier degré, qu’on a plus d’humour. Qu’à 13 ans on est capable de voir qu’on a 13 ans et pas 7 ans.
Eh bien ça ne marche pas.
Erreur sur toute la ligne…

Alors ma grande fille de 7 ans, respire à fond, écoute les paroles douces des arbres, aie confiance en toi. Et tes anxiétés vont s’apaiser.

Et les deux grands, comment ils vont?
Très très bien. Ma fille de presque 17 ans a son conseil de classe le 26 mai. Soit mardi. Vous m’avez compris?
Et le bac français? Déjà réduit à un seul oral, les bruits courent sur un boycott de certains profs pour exprimer leur désaccord sur une épreuve maintenue alors que les inégalités flambent. D’autres disent que les profs seront consciliants et laisseront les élèves choisir le texte qui leur plait le plus.
Pour ma fille, elle nous a expliqué sa stratégie de guerre : elle bosse les 5 textes sur le thème de la lecture cursive. 5 sur 15. 15 qui devaient être 25 avec la réforme de notre ami Blanquer. Bien joué vieux! C’était la bonne année pour réformer! Je te taquine…
Et mon fils de 15 ans? L’organisation du brevet a donc été liquidée. Et la nouvelle? On lui demande de rendre ses livres en début de semaine prochaine. Je croyais que la fin des classes était fixée au 4 juillet?
J’ai du rêver…
J’ai du me tromper d’un mois.


écoute les paroles douces et rassurantes des arbres à chaque fois que tu te sens stressée

Matthieu Deshayes

Passionné de cinéma et de littérature, j'écris des histoires depuis toujours. Après 30 années de médecine, j'ai décidé de valoriser cette activité d'écriture et de la pousser plus loin en écrivant des scénarios et en réalisant des courts métrages. L'écriture est l'occasion de partager les thèmes et les idées qui comptent pour moi : la famille, les amis, les relations humaines, la nature et les thèmes qui les accompagnent : les relations parents/enfant, les relations frères/sœurs, les secrets de famille, les positionnements parfois douloureux, les choix impossibles, la défense de notre environnement. Le cinéma est la possibilité fantastique de traduire mes histoires en images, une aventure humaine exigeante et passionnante à travers le travail d'équipe, la rencontre de nombreux métiers différents et complémentaires tous unis dans le but de faire exister un film.

Cet article a 2 commentaires

  1. Clemence

    Je pensais à un truc qu’on dit souvent dans nos trainings : tu fais le choix que tu peux au moment où tu le fais, avec ce que tu sais et ton état (physique & émotionnel) à ce moment là = c’est le cas pour tes 4 enfants… et c’est ça qui va les construire et qui va faire qu’ils seront où ils sont dans quelques années. Oui, c’est très conceptuel mais moi ça me parle beaucoup, pour moi, comme pour les gens que je coach.

    1. Merci Clémence. C’est vrai qu’on est trop souvent dans le regret – j’aurais dû faire ça au lieu de ça – ou dans la culpabilité – je pourrais faire mieux, ou encore un peu plus…

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