Il y a quelques jours dans le Caroux.
Voici qui je rencontre en redescendant :

Un chasseur de mouflon à l’arc.
Bon, moi, toujours amène et curieux, je ne peux pas m’empêcher d’engager la conversation :
— Vous chassez les chamois ?
— Des chamois ? dit-il en, se marrant. Vous n’êtes pas dans la bonne région !
— Des mouflons, je veux dire !
— Oui, des mouflons.
— La chasse est ouverte ?
— Oui, on est en plein dedans.
Des banalités préliminaires.
— Je n’ai pas vu de mouflon aujourd’hui, je continue.
— Normal, avec le raffut que vous faites !
Du raffut ? Je suis seul, je ne chante pas à tue-tête, je n’ai pas de cloche accrochée au cou.
Soit.
Je lui explique :
— Il y a des années que je viens et il me semble que je voyais plein de mouflons avant. Je n’en ai pas vu un seul toutes mes dernières sorties.
— C’est normal. C’est le loup.
— Des loups ?
— Oui, depuis qu’ils sont arrivés, ils ont divisé le cheptel de mouflon par 4.
— Il y a donc des loups ici ?
— Oui. Ce sont ces trous du cul de bobos parisiens qui nous emmerdent avec leurs conneries.
Je le regarde. Grand, costaud, fier dans sa tenue de camouflage grise, son arc aux formes compliquées, son carquois aux flèches fluorescentes. Il me toise de son air de chasseur. Mépris affiché des promeneurs et des Parisiens.
— Vous venez d’où ? je lui demande alors.
Il hésite.
— Du Var.
— Vous venez de si loin pour chasser ?
Là, on rentre dans le dur.
Il a bien compris que je lui renvoie : qu’est-ce que vous venez nous emmerder chez nous ?
Il montre les dents et ne répond rien.
— Et si le cheptel de mouflon a tant baissé, pourquoi vous venez les chasser ?
Fin de la discussion.
Il est armé et moi pas.
Et puis je suis à la bourre pour être à l’heure à la sortie de l’école chercher ma fille de CE1.
Je descends au village.
Voici le seul mouflon que je rencontre :

Sur le parking, je tombe sur la voiture du chasseur.
Devinez ce que c’est ?

Bien vu, un énorme pic-up 4×4 aux roues gigantesques surélevées, bien polluant. Il faut bien ça pour un chasseur.
Heureusement, il ne m’a pas sorti son argument du chasseur à l’arc écolo !
Je réalise alors que je ne suis pas tombé sur d’autres spécimen de chasseur à l’arc. Ça aurait pu être elle:

La discussion aurait peut-être été plus avenante.
Ou lui :

Mais non.
Je repense aux quelques rencontres improbables que j’ai déjà faites sur le Caroux.
Le chasseur d’images belge lui aussi en tenue camouflage, le gardien du parc naturel et son client chasseur, le spécialiste des rapaces, les baladeurs solitaires qui montent là-haut avec leur bivouac.
Le Caroux, pour ceux qui ne connaissent pas, c’est ça :









Jeudi, il faisait 6 degrés et 100 km/h de vent.

C’était génial.
En tout cas, voici ceux que je n’ai pas vus :

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