Super relou

Pour moi, l’école a déjà repris dimanche soir à 22h.

Connecté à l’ENT, je recueille patiemment les données. J’enregistre les captures d’écran où sont indiqués les instructions (pour m’y retrouver, mais aussi pour leur prouver que ce n’est pas moi qui invente les consignes), j’imprime les exercices, je jongle entre le cahier de texte, pronote et la messagerie. Mais ça, vous le savez et vous faites comme moi, j’imagine.

En tout cas, moi qui rechignais à utiliser cet outil numérique sombre, je vais devenir un expert.

Content, prêt, motivé je me couche satisfait.

La bonne surprise du matin, c’est ma fille de CP que je réveille à 8 h 30, à peine mon épouse partie en direction de l’hôpital, plutôt tendue et stressée, elle qui est d’un naturel confiant et enthousiaste, ce qui n’est pas un très bon signe.

Ma fille, donc, saute de son lit, impatiente de découvrir l’école à la télé (une bonne occasion de regarder la télé avec son papa !)

Le programme de FRANCE 4 commence à 9 heures pile par 20 minutes de lecture et d’écriture avec une maîtresse assez impressionnée par son premier cours, mais qui est super. Ma fille adhère immédiatement. Aujourd’hui, le son « -in » qu’on peut écrire de plein de manières différentes, qui peut être placé devant un mot en le transformant en son contraire (visible, invisible). Puis une seconde maîtresse enseigne les mathématiques avec les doubles, le tableau des nombres de 0 à 99, des calculs et des problèmes.

Franchement, génial. Merci à ces deux maîtresses.

Super programme que je recommande vivement.

Ma fille est prête pour demain.

Les cours de collège ont lieu de 14 à 15 heures.

On va voir ça avec les ados.

J’ai hâte !

En attendant, je les réveille à 10h30.

Sympa, non ?

Ils ont regardé des films jusqu’à 2 heures du mat.

—           Début des devoirs à 11h !

—           Mmmmmh.

Au petit dej, je leur parle du programme de France 4.

La réaction est immédiate !

—           Puisqu’on travaille à 14h, pas la peine de travailler ce matin !

—           Je… comment dire ? Comment voulez-vous qu’on ne se dispute pas si tes premières paroles sont déjà négatives ?

—           Ok. Je vais d’abord aux toilettes, me laver les dents (tiens, c’est nouveau ça), m’habiller.

—           Et moi, je sors 5 minutes dans le jardin.

11h35.

Les garçons ne sont toujours pas revenus.

Moi j’en profite pour écrire ce billet.

Mais il va falloir que je rassemble les troupes.

Et qu’on s’y mette !

Le principal adjoint du lycée appelle.

—           Votre fille n’a pas indiqué la spécialité qu’elle voulait abandonner.

—           Désolé. J’ai rempli plusieurs fois le formulaire, elle n’a pas dû vous le donner.

—           Ne vous inquiétez, pas. Comment se passe son confinement et sa continuité éducative ?

—           Ben, on va dire qu’elle rend doucement ses marques. Il me semble qu’elle a pris conscience qu’il fallait qu’elle se mette au travail. Et vous, ça va ?

—           Ça va. Je suis au télétravail.

—           Bon courage.

—           Merci, à vous aussi.

11h45, pas de trace des garçons.

C’est bientôt l’heure de préparer le repas.

Tiens, en voilà un qui redescend !

Ah, il cherche son chargeur de téléphone.

Une demi-heure plus tard.

Je tente la table commune avec les 3 ados.

—           Tiens, c’est ce que tu as à faire.

—           Hahaha.

Il se marre parce que sa sœur lui montre une photo d’il y a quelques mois.

—           Donc, je disais que …

—           Hahaha.

Il se marre de la vidéo que regarde son frère.

—           Eh, on travaille !

—           Ouais, je termine mon verre de lait.

—           Alors, ta prof a mis une vidéo.

« Alors pour ce cours, je vais vous montrer comment on additionne les fractions à dénominateurs différents… »

Hilarité générale, ça se bidonne, se tord les côtes de rire.

Au moins, ils sont de bonne humeur.

Pour l’école, on verra. Mais pour les blagues, c’est OK.

Ils me montrent une vidéo d’une prof qui s’énerve parce que quelqu’un a hacké son programme de cours à la maison et dessine des bites sur son écran !

Allez, on reprend.

« Les types de phrases »

Combien y a-t-il de types de phrases ?

Bigre.

—           Ben y a en 4, me dit mon fils de 13 ans.

—           Ah, lesquels ?

—           On apprend ça au CP, Papa ! Phares déclaratives, impératives, interrogatives, exclamatives.

—           OK. Et les formes de phrases ?

—           Ah, ça, j’en sais rien.

Je jette un œil sur Google.

2 formes de phrases. Affirmatives et négatives.

—           C’est facile, tu ne vois pas ? Affirmatives et négatives.

—           Ouais. Bon, je vais faire une pause.

Je regarde ma fille de presque 17 ans.

Les évènements ont l’air de lui passer dessus comme une brise tiède un soir d’été.

—           Et toi ?

—           J’ai plein de choses à faire pour jeudi.

—           Rien pour aujourd’hui ?

—           Non, c’est trop tard.

—           Trop tard ?

—           La prof de SES a posté les exercices à 10 h. Et elle vient de donner les corrigés.

—           Mais tu peux le faire et lire le corrigé après ?

—           Ah non, j’ai trop de choses à faire, je te dis.

—           Bon, demain je te réveille à 8h30, comme ta petite sœur.

—           Oh, t’abuses !

Elle se connecte à l’ENT.

—           Tu arrives à te connecter ?

—           Ben oui !

Waouh, c’est vrai, ça marche !

—           Tout ce que j’ai à faire !

—           Quoi ?

—           Une biographie de la Reine Victoria en Euro-Anglais.

—           Et ben c’est génial. Toi qui aimes la géopolitique. La Reine Victoria peut te permettre de retracer tout le contexte des décisions politiques des Anglais. Tu peux voir ça comme une sacrée opportunité d’en apprendre plein sur la géopolitique anglaise !

—           T’es un fou, toi, j’m’en cague des Anglais.

—           Bon en tout cas, c’est le moment de t’y mettre.

—           J’en ai pour l’après-midi.

—           OK, fonce.

—           Mais t’es un super relou !

Eh oui, c’est la triste réalité. Je suis un super relou…

Matthieu Deshayes

Passionné de cinéma et de littérature, j'écris des histoires depuis toujours. Après 30 années de médecine, j'ai décidé de valoriser cette activité d'écriture et de la pousser plus loin en écrivant des scénarios et en réalisant des courts métrages. L'écriture est l'occasion de partager les thèmes et les idées qui comptent pour moi : la famille, les amis, les relations humaines, la nature et les thèmes qui les accompagnent : les relations parents/enfant, les relations frères/sœurs, les secrets de famille, les positionnements parfois douloureux, les choix impossibles, la défense de notre environnement. Le cinéma est la possibilité fantastique de traduire mes histoires en images, une aventure humaine exigeante et passionnante à travers le travail d'équipe, la rencontre de nombreux métiers différents et complémentaires tous unis dans le but de faire exister un film.

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